
Extraits :
Fin de mois, fin du monde, mêmes responsables, même combat !
Algérie
Au cœur des Gilets Jaunes du Mantois
Que faire de l’Europe ?
RETOURS sur notre Université Populaire Attac 78
Note de lecture : « La stratégie de l’émotion » d’Anne-Cécile ROBERT
Depuis plusieurs mois, des mobilisations des Gilets jaunes, celles sur le Climat avec la jeunesse, sont présentes aussi sur le 78 (dans le Mantois, Versailles...) comme dans le reste du pays.
Ces évènements inédits et exceptionnels ne reprennent-ils pas les mêmes thèmes : l’impérieuse nécessité de plus de justice sociale, fiscale, environnementale ?
Nous connaissons tous les revendications des Gilets jaunes : être entendus sur une autre répartition des richesses, c’est-à-dire avoir un travail qui permette de se loger, de vivre dignement, une fiscalité juste, des services publics de proximité, plus de transports qui respectent l’environnement, une véritable démocratie.
Réponses du gouvernement : des miettes, un « grand débat » enfumage et une répression des plus féroce !
Pour le climat, en cohérence avec les Accords de Paris, de vraies mesures financières auraient dû être décidées pour les investissements de la transition énergétique, et les mesures déjà prises, appliquées :
ainsi, la plupart des banques (BNP, Société générale, Crédit Agricole...) financent encore les énergies fossiles. L’association Oxfam demande à l’Etat d’imposer aux banques davantage de transparence et de publier un calendrier de sortie des énergies fossiles.
ainsi, en attendant le versement des subventions prévues pour les agriculteurs en culture Biologique (70% seulement versées en 2016, 50% en 2017, 0% en 2018...), des facilitations bancaires doivent leurs être octroyées, afin qu’ils puissent continuer leurs activités et que ce mode d’agriculture respectant l’environnement puisse se développer.
Les prochaines élections européennes du 26 mai s’empareront-elles de ces questions ? Depuis les dernières élections, en mai 2014, quelques problématiques sont demeurées des constantes tandis que d’autres questions ont émergé. Parmi les constantes, on peut citer les politiques d’austérité, les lourdeurs et restrictions sans fin de la politique migratoire.
Parmi les évolutions, la dynamique du Brexit, la montée des dirigeants nationalistes dans certains pays ne sont-elles pas l’expression du rejet de la mondialisation actuelle ? Logique puisqu’ elle est basée sur l’ouverture des frontières aux capitaux et la signature d’accords commerciaux qui n’ont pour conséquence que la baisse des protections des travailleurs et travailleuses, des citoyen.ne.s, de l’environnement et la perte d’emplois ?
Macron et sa clique souhaitent instrumentaliser la peur que représentent ces faits pour une grande part de la population, en opposant, à l’échelle de l’UE, les partis libéraux et progressistes aux formations politiques partisanes du populisme, de l’autoritarisme et de l’illibéralisme.
Or, il ne faut pas s’y tromper, ce sont les deux faces de la même pièce capitaliste et néolibérale, hostile à une transformation sociale, démocratique. La mobilisation de l’armée le samedi 23 mars, l’interdiction de regroupements en certains lieux, la violence policière opposée aux manifestant.e.s (comme à Nice, après les trop nombreux blessé.e.s et mutilé.e.s) nous montrent l’acharnement du gouvernement à circonscrire le mouvement des Gilets jaunes, voire le faire disparaître, sans apporter de réponse juste et adaptée.

De l’autre côté de la Méditerranée, depuis le 22 février, une formidable lueur d’espoir a envahi l’Algérie où le peuple et sa jeunesse se mobilisent pour leur avenir et de vrais changements contre un vieux monde et un pouvoir honni.
Là aussi rien ne sera plus jamais comme avant. Chapeau bas !
Depuis 1962, date de l’indépendance de l’Algérie, le peuple algérien souffre et étouffe. Tous les gouvernements qui se sont succédés ont en fait été une trahison de ce pourquoi avait été faite la révolution anti-coloniale commencée en 1954.
Dès 1962 se sont installés des gens qui n’ont cherché que leur intérêt en profitant au maximum des richesses du sous-sol algérien alors que la population n’avait rien (et entre autre pas de travail).
A près la longue dictature de Boumedienne et la répression féroce des enfants qui s’étaient révoltés en 1988, il y a eu la décennie noire pendant laquelle militaires et religieux (familièrement appelés les barbus) se sont affrontés, faisant des centaines de milliers de morts.
Souvent on ne savait pas qui était qui, les uns et les autres rivalisant dans l’horreur et prenant la place de l’adversaire pour mieux l’accuser de barbarie devant l’opinion internationale.
Avec ou sans Boutflika ça ne change rien, car c’est le système qu’il faut changer. Le peuple algérien a besoin de choisir une assemblée constituante qui décidera des nouvelles règles a appliquer afin que tous aient droit de s’instruire, de parler, de manger, de vivre dignement.
L’histoire du peuple algérien est dramatique et la maturité combattive de la jeunesse actuelle force l’admiration : comment rester optimistes et pacifiques après avoir subi tant de difficultés ?
La soif de vivre est plus forte que la peur. Une petite remarque en passant : profitant de la situation, Marine Lepen demande un moratoire qui bloquerait l’obtention de visas : elle se montre bien là la digne fille de son père, mais était-il encore permis d’en douter ?
C’est écrit sur la toile de bâche de la cabane des GJ de Buchelay :
« On lâchera quand les poules auront des dents ! Résistance ! »
Clin d’oeil aux 3 poules qui vivent sur le camp.
C’est vrai qu’ils en veulent les Gilets Jaunes du Mantois !
C’est le groupe le plus nombreux et actif du 78 et ayant encore début avril un Quartier Général à ciel ouvert qui tient bon.
Je les ai rejoints début décembre après les opérations de péage gratuit à Buchelay et la courte semaine au rond-point du port autonome de Limay, évacué suite à un incident.
Depuis la réinstallation du camp à l’entrée de la ZI d’Epône le 6 janvier, puis son déménagement sur un terrain agricole en bord de route à Buchelay en février, mon coeur est de plus en plus jaune !
Comment ne pas être impressionné par cette organisation au quotidien, cette inventivité dans l’aménagement du camp, cette dynamique de partage et de convivialité, de combativité depuis des mois, et ce malgré les baisses de forme, les anicroches inévitables (comme dans une famille !) et la répression
pour certain.es !
Ça repart toujours avec ce groupe d’une soixantaine d’actifs plutôt jeunes (30 à 45 ans), représentatifs de la population mélangée du Val de Seine, avec aussi quelques retraité.es comme moi. Il y a toujours de nouveaux GJ qui arrivent.
Non le mouvement ne s’épuise pas : il s’enracine et il s’étend !
Les femmes, nombreuses, sont très impliquées et animatrices malgré leurs charges familiales. Certaines sont allées aux marches femmes GJ à Paris. La plupart ne se disent pas ( encore..) féministes mais tiennent farouchement à l’égalité !
Toutes et tous ont à y gagner dans ce formidable mouvement social. Ils et elles sont de presque toutes les manifs du samedi à Paris, Rouen, Evreux ou Caen : et déjà 20 actes !
Avec la présence intrusive de la police sur les actions, le camp, la forte répression en manif ou l’espionnage sur les groupes internet, les GJ se sont vite aperçu que la police n’était pas de leur côté.
Les actions locales s’organisent de mieux en mieux : manifs dans les grandes surfaces, celle de Mantes à 500 le 16 février, opérations péages ou parkings d’hôpitaux gratuits, actions visant des multinationales fraudeuses fiscales, diffusions de tracts, visites d’autres groupes, réunions et débats public.
La structuration et la communication se veulent souples, ouvertes, démocratiques et sans chefs, même si ce n’est pas toujours si facile : AG hebdomadaires autour des braseros ou dans l’agora construite en palettes, goûter ouvert certains dimanches, groupes de travail internet ou pas, par thèmes, ordres du jour, comptes-rendus,
animation et rotation des rôles, gestion de la page Facebook comptant 4300 membres, rapports avec les médias, projets d’actions et de communication...
C’est l’imagination qui prend le pouvoir sur fond d’auto-éducation populaire !
La conscience de la nécessaire coordination locale, régionale et nationale fait son chemin petit à petit ainsi que celle de la convergence avec les salarié.es
des entreprises locales et d’autres mouvements donc celui pour le climat.
Ainsi la réflexion sur le système politique et économique, la politisation dans le sens noble du terme, avancent de façon incroyable, pour la grande majorité très méfiante au début, car n’ayant probablement jamais fait ni grève ni manif, ni réunions, mais découvrant l’ampleur et la force potentielle de leur mouvement social.
Du jamais vu ni vécu depuis 50 ans (1968), ébranlant en quelques semaines et pendant plusieurs mois, un pouvoir des plus durs qu’il soit !
Quelle qu’en soit l’issue, les graines jaunes sont semées.
Et pour la plupart des GJ, plus rien ne sera jamais comme avant ! Pour moi non plus !
Le soleil jaune se lève et se couche aussi en rouge...
On démarre l’année le 12 janvier à la Nouvelle Réserve de Limay avec Sylvain de la Quadrature du Net, une association qui agit sans relâche pour qu’Internet demeure un outil de partage, de libre expression, d’émancipation et permette la participation de tous au débat démocratique. Objectif : faire avancer l’idée d’un internet libre et ouvert et que les modèles basés sur l’accès à la connaissance sont supérieurs à ceux basés sur le contrôle et la fermeture.
Nous avons pu avoir un aperçu des clefs possibles individuelles et collectives, pour défendre nos libertés dans ce monde informatisé.
A suivre, notamment les 19 et 20 avril au Collectif 12 de Mantes la Jolie où le Forum du Mantois invite aussi la Quadrature autour du film Nothing to Hide et une install party (comment passer concrêtement aux logiciels libres).
* Un sujet en plein dans l’actualité le 16 février avec le philosophe Gérard Bras :Tout le monde parle du peuple, pour le meilleur ou pour le pire. Que signifie peuple ? Comment un peuple se constitue-t-il ? La volonté du peuple est-elle toujours bonne ? Si non, comment comprendre la démocratie ? Est-ce « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » ? Le peuple peut-il en même temps gouverner et obéir ? L’élection libre de représentants suffit-elle à faire la démocratie ? La souveraineté du peuple est-elle sans limites ? Le peuple peut-il être contre la démocratie ? Comment la volonté générale peut-elle s’exprimer ? Séance très enrichissante pour la trentaine de participant.es !
* La soirée du 12 mars au Scarabée La Verrière fut un électro choc pour la soixantaine de présent.es : Catherine Le Gall journaliste, co-autrice avec Denis Robert de Les prédateurs, des milliardaires contre les Etats, a présenté cette enquête minutieuse sur deux champions du capitalisme financier, spécimens exemplaires de milliardaires. Albert Frère et Paul Desmarais ont des profils semblables et héritiers d’entreprises familiales qui ne valaient pas un clou, mais en bons libéraux, investissant dans les meilleurs juristes, associés aux plus grosses banques d’affaires, travaillant autant en France qu’en Afrique ou en Amérique du sud, ils ont bâti leur immense fortune en partie sur le dos des États. Il devait y avoir un secret de fabrication pour s’enrichir autant et aussi vite ... Nos deux journalistes pensaient que s’ils parvenaient à décrypter le jeu de ces prédateurs, ils pourraient aider la communauté des hommes à s’en défendre.
Challenge réussi pour ce récit haletant comme un thriller, et pourtant bien réel... Passionnant et faisant froid dans le dos, mais décuplant notre rejet de ce système !
Samedi 13 avril 15h à la Nouvelle Réserve de Limay : "Quel avenir pour les féminismes ?" avec Suzy Rojtman de la Coordination Nationale pour les Droits des Femmes. Elle parlera des recompositions et mutations du mouvement Féministe qui a beaucoup évolué depuis la décennie 70. Ces dernières années, une nouvelle dynamique féministe s’installe de par le monde (Espagne, Amérique latine, Inde ...). A partir de l’exemple du Collectif national pour les droits des femmes, du débat sur le voile, l’émergence de l’afro-féminisme puis du mouvement #me-too, Suzy Rojtman souligne la nécessité pour les féministes de tenir bon, face à l’atomisation et aux replis individualistes dans la période de régression sociale actuelle. Elle insiste sur le caractère systémique de l’oppression des femmes, de la globalité des luttes à mener, tout en réaffirmant les liens entre féminisme, luttes de classe et combats antiracistes.
Mardi 21 mai 20h30 au Scarabée : "Pourquoi tout va s’effondrer" avec Julien Wosnitza, auteur du livre du même titre avec Pablo Servigne et en 2018 Une autre fin du monde est possible.
Voir le site de l’UP78
Nous voulons une Europe, sociale, écologique, féministe et démocratique : renégocier pour reconstruire
Affirmer les valeurs de l’Europe, c’est d’abord rappeler que cette coopération est née après la guerre, contre la guerre.
Cependant elle n’a pu empêcher la guerre en Irlande et au Kosovo !
Le socle fraternel sur lequel elle s’est bâtie avait aussi pour ambition d’empêcher de nouveaux crimes contre l’humanité, dont certains aujourd’hui encore banalisent l’existence, nient la réalité ou pire, en font l’apologie.
Mais, la construction de l’Union Européenne (Conseil, Parlement, commissions, banque) institution inter-étatique, s’est faite dans le cadre d’un système économique libéral par validation de traités contraignants niant l’opinion des peuples consultés, qui mettent en concurrence les états (sur le plan fiscal, les droits des salariés...), et donc oppose les populations européennes les unes contre les autres.
Les politiques néolibérales sont inscrites dans les traités, et ceux-ci ne sont modifiables qu’à l’unanimité des états membres !
Autant dire que c’est impossible en l’état aujourd’hui, au sein du parlement européen il y a des alliances, mais pas de vision commune.
Par ailleurs, le parlement n’a pas la main sur le budget européen.
Les pays nationaux se réfugient parfois derrière l’UE pour appliquer de nouvelles règles impopulaires, ne pas répondre aux revendications justes de leur population et imposer des mesures d’austérité, ou doivent répondre à des diktats de l’UE afin d’en respecter les contraintes financières (Grèce).
Les difficultés économiques de chaque pays favorisent la naissance des nationalismes et le développement de l’extrême droite.
Il y a eu un début d’harmonisation environnementale, mais la ratification du Jefta (accord de libre échange avec le Japon) en décembre 2018 va à l’encontre de mesures à prendre contre le réchauffement climatique.
Une certaine régulation bancaire a été possible, mais tout à fait insuffisante, et la BCE n’a toujours pas le droit de prêter aux états membres !
La question n’est pas de sortir ou non de l’UE : la destruction de l’Union ne serait- elle pas le cadeau espéré par les Trump, Poutine et tant d’autres ?
Permettrait-elle des avancées démocratiques, sociales, et écologiques ?
On ne peut pas changer la politique de l’Union Européenne à traités constants, il faut les modifier, les renégocier pour : *pour une politique respectueuse des droits de l’homme - *pour l’uniformisation par le haut des droits sociaux *pour une harmonisation fiscale - *pour une transition écologique européenne.
L’information devient une invasion de faits divers dont la présentation implique une recherche de l’émotion par le récit et par l’image.
Les évènements tragiques et spectaculaires sont les plus prisés par le journaliste s’efforçant d’en évoquer et montrer l’aspect attendrissant sinon odieux.
L’association Acrimed relève une augmentation de 73% en 10 ans des faits divers dans les médias français télévisés.
La photo de l’accident, du meurtre, le témoignage-« micro-trottoir » accroissent la compassion du « spectateur » et conduit à une vision biaisée de la réalité sous une apparente neutralité. L’expression de la douleur lors d’une « marche blanche » constitue un exutoire, manifestation du narcissisme en s’identifiant à des personnes choisies.
Y a-t-il de telles « processions » pour conjurer le sort de milliers de migrants morts durant leurs périples ?
C’est une transformation du « Rien de ce qui est humain de m’est étranger » en « Rien de ce qui m’est étranger n’est humain ».
Cette prédominance des affects est enseignée dans les écoles de journalisme fondée sur la recherche de réponse à : qui ?, quoi ?, où ? Ce sont des orientions qui réduisent forte- ment l’information alors qu’il importe d’en analyser le « pourquoi ? » et le « comment ? ».
L’originalité de cette analyse inattendue concerne nombre des effets de la "stratégie" : médiatisation et personnalisation où l’image et l’émotion comptent beaucoup plus que la réflexion et la raison.
Le « reporter du direct » a obligation de privilégier images et témoignages de violences lors d’une manifestation et néglige ou évoque brièvement le rassemblement populaire où « il ne se passe rien ».
Le terme "media" devient trop général puisqu’il faut en exclure -à minima- la presse et le journalisme professionnels et vraiment indépendants qui refusent l’instantanéité et maintiennent l’information vérifiée et analysée hors du piège mercantile de la pub.
Ces aspects deviennent alors la règle permanente sauf si l’on éteint écrans et radios...
Dans le domaine judiciaire, le tribunal devient psychologique : pour Eric Dupont-Moretti la justice est transfigurée par les victimes.
Le contrôle social par l’émotion apparaît lors d’évènements délétères : narcissisme compassionnel des réseaux sociaux, discours politiques réduits à des prêches, séquences organisées par les « communicants » d’un chef d Etat en favorisant sa côte de popularité : fête « de la musique » à l’Elysée, finale de la coupe du monde de football à Moscou, familiarités avec des jeunes antillais à Saint Martin après un séisme, rencontre avec l’adolescente suédoise« militante pour le climat », « face à face » télévisé avec une jeune immigrée kosovar scolarisée malgré l’expulsion de sa famille...
Anne-Cécile Robert présente une réflexion salutaire sur l’abrutissante extension du domaine de la larme et un plaidoyer civique pour un retour à la raison.
Dans l’avant-propos du livre, Eric Dupont-Moretti apporte la conclusion à ce livre qualifié de « dangereux et subversif » et « qu’il faut lire et relire sans modération » car « il rappelle que la liberté n’est pas une facilité et nous met en garde contre l’émotion qui génère, dans l’excès, une dictature qui nous tient tous dans un formatage panurgique * ».
* moutons de Panurge